Fanfics de Doucelili

Hihihi, effectivement... ! Wink

Bon ok, un autre bout. Un long, cette fois...

« Il faut manger ma grande. » avait soupiré sa mère en retournant le plateau.

« Je n'ai pas faim, cesse d'insister. »

Madame Thomas avait fait son devoir puis elle décida ce soir-là de retourner chez elle. Convaincante par sa droiture, elle lança les draps au panier puis fit ses valises tout en discutant longuement avec Lucy :

« Tu sais, je suis fière de ma fille : elle a du cran et je me suis battue pour qu'elle soit la femme que tu as comme amie aujourd'hui. Mais peut-être ai-je trop exigé d'elle ? Tu vois, toute l'énergie qu'elle a déployée, sa persévérance et l'ardeur qui nous la fait voir comme une héroïne ont leurs défauts. »

« Vous n'êtes pas responsable de son sort : les seuls à blâmer sont ces crapuleuses personnes qui ont mené un combat sans merci contre la justice. »

« Ma fille m'a engueulé et m'a encore une fois dit de me mêler de mes affaires. Elle avait de la peine pour ce... Jack une fois de plus. Cela est plus difficile en soi pour une mère de sentir la déchirure entre nos deux êtres que de constater le mal tout autour, tu verras quand tu auras tes propres enfants. Mais tu as raison, je ne dois plus m'affliger de la responsabilité de son sort. Elle a trente ans, elle a quitté le nid... » fit la dame en jetant une pile au fond d'un sac.

« Vous savez, depuis le temps qu'il la protège, je crois qu'il partage la même opinion que vous. » soupira Lucy en conclusion.

Myles arriva quelques minutes après leur départ, berçant et sécurisant ses sournoises amours de toute la lourdeur qu'elles pouvaient contenir. Avant d'aller dormir, Lucy décida de téléphoner Jack, mais se heurta une fois de plus à la boîte vocale :

« Jack, c'est Lucy. Écoute... Sue a reprit conscience et elle te réclame. Je t'en prie, va la voir : elle a besoin de toi. »

Bobby avait passé la journée avec sa douce et constaté les beautés de la nature qui s'éveillait aux premiers instants d'avril. Aussi belle qu'à leurs débuts, aussi libre, naïve et intense fusse leur union qu'ils avaient choisi de vivre au jour le jour : bonheur inébranlable sauf dans sa trop profonde réciprocité, le couple était heureux et vivait d'amour lors de leurs sorties ou les rares fois où ils s'abandonnaient à l'autre. Il ne l'embêtait jamais de par son travail, elle refusait d’élaborer sur sa famille ou ses amis. Tout près de sept mois et il avait l'impression de sortir avec une pure folie, une inconnue qui lui était destinée, une amie sincère qui partageait son lit quand elle en aurait envie. Cela dit, il trouvait parfois ce silence insoutenable, mais dès qu'elle le sentait fléchir, prêt à relire avec plus d'attention les petits caractères de ce contrat non-signé, elle le ramenait à l'ordre à sa façon. Éternel recommencement, idylle qu'était leur complexité réciproque ; impénétrable et droite, elle avait la couenne aussi dure qu’un flic ! « Je préfère rentrer. » avait soupiré Julianna à la fin de son repas, alors qu'il aurait aimé dormir avec elle. Il la déposa devant l'immeuble et demeura en place jusqu'à ce que les lumières de son appartement s'allument. Afin de dissiper son trouble et meubler les quelques heures restantes de sa soirée, il convergea subitement sur l'artère principale, choisissant de se rendre chez son ami de qui il n'avait eu de nouvelles depuis plus quelques jours. À son arrivée, il n'entendait aucun son derrière la porte mais avait remarqué la voiture garée sur le côté de l'immeuble. Un sérieux doute s'empara de lui et il décida de frapper à la porte un peu plus solidement puis de crocheter la serrure.

Depuis qu'il eut écouté le message de Lucy, appel auquel il n'avait pas eu la force de répondre, Jack avait sombré à nouveau aux entres de la solitude et du déchirement de cette cicatrice encore vive qui guérissait mal, galeuse et abandonnée. Il n'y arrivait tout simplement pas : ces tortueux sentiments s'entremêlaient en lui, emprisonnant ses gestes et son esprit aux abords d'une cavité profonde et abrupte dont la profondeur demeurait tout aussi insondable qu'au premier jour de sa nouvelle vie. Il se maudissait, s'haïssait, répétant sans relâche ce qui faisait sa beauté. Ce don d'aimer ne lui avait jamais trahi... Certes, Dieu ne partageait pas son avis sur la question en voulant lui subtiliser égoïstement son ange, le seul réconfort qu'il avait trouvé sur cette maudite terre après toutes ces expériences houleuses et ces échecs auxquels il semblait être destiné. Il l'avait trouvé si belle et si bonne, pourquoi a-t-on voulu lui soutirer la bonté même, ce qui emplissait ses journées de soleil, ce qui le motivait à retourner bosser chaque jour à ses côtés ? Pourquoi fallait-il que l'on veuille lui arracher l'unique amour de sa petite vie, intense sentiment qu'il n'avait jamais ressenti auparavant ? Mais qui était-il cet Homme de loi pour permettre une telle chose, se foutant éperdument de la douleur des habitants restants de la terre qui n'auraient jamais eu le bonheur de partager ne serait-ce qu'une infime partie de son existence avec elle ? Et lui, comment pourrait-il survivre sans la douceur de ses traits, l'odeur subtile de son parfum, les conseils sans en être qui révisaient chacune de ses valeurs ? Jamais il ne lui arriverait à la cheville, jamais il ne pourrait être son messager. Jamais il ne pourrait taire son nom et tous les échanges qu'ils avaient tenus. Il frappa à nouveau son fémur en hurlant de douleur puis se laissa choir une fois de plus sur son canapé : ignoble et pathétique Jack Hudson. Il déposa son talon sur un coussin, enfila ses écouteurs, grimpa le volume au maximum ; il choisit de laisser un groupe de rock progressif crier son malaise à sa place. Puis il révisa pour la centième fois avec la même fascination son arme personnelle cachée entre les coussins sans comprendre vraiment ce qui le motivait : avait-il vraiment envie de mourir ? Il enclencha le cran de sûreté puis ferma les yeux, coucha son revolver sur son thorax et calma le feu brûlant dans sa poitrine. Peut-être demain, peut-être si... La chanson se termina et il entendit au même moment un grand bang ; d'un bond, il mit en joue la porte de son vestibule alors qu'un malfaiteur crochetait sa serrure.

« Wo, du calme mon vieux. Voilà, donne-moi ça. » fit Bobby en accrochant le 9 millimètre à sa ceinture.

Jack se releva avec peine et offrit de piètres excuses à son copain. « Je dormais et je... enfin, je croyais que... » Bobby sonda le visage mal rasé et fatigué de son ami sans en ajouter davantage, puis constata l'état lamentable du logis ; il courut à la cuisine et revint vers lui avec le bac à ordures subtilisé sous l'évier, amassant au passage quelques bouteilles, emballages de plats congelés vidés de moitié et enveloppes de friandises. Offrant un sourire rassurant à Jack qui le regardait sans comprendre, il retourna sur ses pas afin de ranger la vaisselle éparse. « Bobby, tu n'es pas obligé de faire cela. » avait soupiré son ami, dérangé dans le réconfort de son silence par toute l'agitation qui régnait chez lui sans son consentement. Mais d'un air empli de sympathie, il lui répondit qu'un peu d'aide ne lui ferait certes pas de tort avant de terminer son petit ménage. Rageur, Jack inspira profondément et se rendit avec peine à la cuisine, sautillant sur une jambe puis s’accrochant au jour de l’entrée pour en stopper sa course.

« Attention l'enflammé, ne te blesse pas plus que tu ne l'es déjà. »

« Je t'ai dit d'arrêter Bobby ! » scanda Jack

L'homme déposa calmement son linge et regarda fixement son ami : il était venu chercher précisément cet entretien avec lui. Démasqué, Jack senti ses forces fondre en s’avança avec peine jusqu’à la table, se juchant difficilement sur un tabouret sans se retourner.

« Jack, Sue va mieux tu sais. Tu devrais aller la voir, cela te ferait du bien. »

« Je n'en ai pas envie... » fit-il las, en soutirant une gorgée à une bouteille abandonnée sur le comptoir.

« Mais pourquoi ? Le pire est derrière elle, et derrière toi aussi. Nous avons agi comme il le fallait, nous nous sommes soutenus et avons vaincu tous ensemble. Tu n'es pas un lâche, elle n'est pas naïve et nous ne sommes pas qu'une simple bande de peureux. Bien sûr, nous n'avons pu éviter tous les obstacles, mais nous sommes tous en vie. Pourquoi ? Vous avez besoin l'un de l'autre : je le sais, et tu le sais mieux que moi. »

Jack avait senti une fois de plus un mouvement violent de dépit, une rage profonde s'emparer de ses sens au rythme des paroles de Bobby. Non, il n'y avait rien de rassurant dans les nouvelles qu'il lui apportait, rien qui bercerait ses angoisses. Sue vivante, l'équipe qui s'en sortait probablement sans reproches. Et alors ?! Il regardait sa main serrer le goulot de plus en plus fort, il aurait aimé avoir la force de le broyer entre ses doigts. Il ne voyait et n'entendait plus Bobby, les murs noirs se rapprochaient sur lui et l'étouffaient : il était seul au monde avec son mal et détestait tout autour qui laissait une trace de sa vie. Le mobilier qu'il avait acheté à son arrivée dans ce condo, la lampe qui réfléchissait son ombre, le centre que sa mère lui avait offert aux fêtes, le papier-peint qu'il avait magasiné avec sa première femme... Tout lui appartenait et tout bouchait son air ; il ne voulait plus appartenir à rien, fuir et oublier. D'un geste inopportun et dangereux, il fracassa sa bouteille sur le mur et souleva le rebord de la table, jetant au sol tout ce qu’il y avait dessus : « Parce que j'ai vu la mort dans ses yeux ! » s'écria-t-il, rouge de colère.

Bobby demeuré immobile à ses côtés l'avait laissé consumer seul ce qu'il lui restait de ses afflictions sans égard au vacarme ni aux dégâts causés par la déchéance du geste de son protégé. Intimidé par son incursion et terrifié de la délivrance de son secret, Jack finit par abandonner. C'était donc cela ? La mort dont les agents avaient appris à en contourner le sens profond, tout ceci le terrifiait tout à coup.

« Je n'ai pas peur de la mort Bobby, j'ai peur de celle des autres. » avait-il lâché.

Inquiet, son ami avait préféré passer la nuit chez Jack ce soir-là, l'arme toujours accrochée à sa ceinture et les doses restantes de médicaments sous son oreiller. Simple précaution, se disait-il avec peine, les yeux fixement posés sur l’ouverture de la chambre, sondant chaque mouvement. Ils n'avaient évidemment pas dormi de la nuit chacun de leur côté. Le lendemain, alors que Bobby se rendit rapidement à la salle de bain, Jack passa devant son calendrier. Encore deux jours...

MAGNIFIQUEEEE
J'ADORE LES LONGS BOUTSSSSS Yay!

Je vais tenter d'en poster encore ce week-end, entre les préparatifs et les boustifailles du 24... ! Wink

Doucelili a écrit:: Je vais tenter d'en poster encore ce week-end, entre les préparatifs et les boustifailles du 24... !

Parfait, je vais surveiller ça Merci!

Great... Bon week-end, le mien va être chargé ! Oufffff ! Wink

Six heures. Le réveil extirpa Jack d'un profond sommeil éthylique. « Tu as une sale gueule. » fit-il à haute voix en mirant son reflet sur la porte de douche. Il enveloppa sa jambe d'un long sac étanche et savonna avec vigueur chaque partie de son corps, espérant ainsi effacer toute trace des méthodes palliatives peu orthodoxes auxquelles il se soumettait depuis tout près d'une semaine. Sa médication n'avait plus aucun effet sur lui ; heureusement puisqu'il voulait à tout prix éviter ainsi une accoutumance aux barbituriques. Mais sa décision laissait son corps en proie à un malaise oscillant et constant qui l'empêchait de se reposer. Or il avait la veine intention ce matin-là de profiter de son rendez-vous auprès du médecin afin d'obtenir un autre type de traitement chimique ; il perdait du tonus, s'essoufflait et son haleine le dégoûtait. Il se rasa, rinça sa bouche deux fois plutôt qu'une, se vêtit proprement et quitta son domicile avec confiance. Il constata avec étonnement tout le bourdonnement des hôpitaux : même à cette heure, il dû stationner sa voiture près de la sortie et patienter longuement avant d'être appelé.

Huit heures. Sue ouvrit les yeux pour la deuxième fois, démoralisée de ne pouvoir dormir plus que trois heures avant de devoir se retourner et que ses douleurs lombaires ne viennent qu'à l'éveiller. Maintenant, un soleil éblouissant se levait derrière l'édifice adjacent et chatouillait ses paupières. Elle s'allongea sur le côté, replaça la tubulure tendue qui tirait sur de profondes aiguilles puis remonta ses couvertures. Elle observa longuement le décor par la fenêtre ouverte, s'imprégnant de la fraîcheur du matin en soupirant. Une auxiliaire éteignit une alarme sur le perfuseur sans que Sue ne la voie passer ou ne sente le mouvement du vent annoncer sa délicate venue.

Neuf heures, Jack avait gravi les étages, le balan appuyé solidement sur sa canne dans les couloirs et s'était arrêté aux soins transitoires. On lui remit le numéro de la chambre : tout au fond à droite. Son corps était secoué par la peur, empli d'une désespérante fébrilité à laquelle il faisait tout pour s'y refuser, mais il devait le faire ; il devait cesser d'ignorer son existence et taire une fois pour toutes le supplice de ses tourments. Il demeura plusieurs secondes appuyé au cadre de la porte à l'observer, dos à lui. Ses cheveux, sa peau, la courbe prononcée de sa hanche sous les draps. Jack inspira profondément, effaçant les brusques derniers souvenirs : comme elle lui avait manqué ! Il s'enfonça doucement dans la pièce et avança une chaise près de son lit. Il admira avec tendresse le souffle léger secouer son être, son petit nez enfoui sous la flanelle, son visage réconforté au creux d'un oreiller. Il retint un sanglot, en eût assez et voulu partir, mais demeura assis et se fit patience. Hypnotisé par sa présence, celle dont il ne pouvait désormais plus démordre. Il ferma les yeux en souriant, s'habitua aux va-et-vient des gens, attendri par son affabilité. Sue ouvrit enfin les yeux, pressentant une secousse. Son regard se posa sur Jack qui avait appuyé son avant-bras sur la traverse avant d'y poser sa tête. « Je rêve ? » se remit-elle avant de sentir son après-rasage. La jeune femme sursauta ; il était vraiment là ! Beau, tendre et compatissant comme toujours, il ne lui en voulait pas, il...

« Jack... » soutira-t-elle en inspirant bruyamment, le regard voilé de larmes.

Celui-ci s'éveilla abruptement et posa aussitôt une main sur sa joue. « Ça va ? » Sue pleurait en silence, le menton tremblant, ses yeux posés fixement sur les siens, heureuse comme elle ne l'avait jamais été puis torturée du même sentiment.

« Oh, excuse-moi Jack ! »

Son ami poussa le mécanisme d'enclenchement des barres et déposa son coude au coin du lit, son visage à quelques centimètres du sien. Frémissante, ne pouvant y croire, Sue déplaçait lourdement sa main le long de son visage et Jack se laissait faire, lui qui avait rêvé à cet instant depuis si longtemps. Il engloba finalement ses doigts nerveux entre ses deux serres puis les embrassa doucement. « Tu n'as rien à te faire pardonner Sue, tu as fait ce que tu devais et je t'en suis reconnaissant : si tu n'avais pas été là, je... » Mais il se tût, conscient de la peur qui gisait dans le regard de celle qu'il aimait. Lui également, affligé du même traumatisme, avait préféré garder en lui ses scénarios.

« Te souviens-tu ce que tu m'as dit avant... » remit-il enfin, un doux sourire en coin, après un long moment.

Sue puisa au fond de ses secrets. « Non. » Jack encaissa le coup puis baissa les yeux, amer de déception, mais elle posa l'index sous son menton.

« Toutefois, je me souviens l'avoir ressenti des milliers de fois à tes côtés. »

Il lui baisa les mains puis le front, touché qu'il fût dès cet instant du plus bel aveu qu'il n'avait jamais entendu. Ils étaient là, la conscience nue face à l'autre, abandonnés de modestie, ébahis de leurs beautés réciproques, pondérés, silencieux. Lucy avait discrètement observé la scène avec attendrissement et rebroussé chemin. Elle revint quelques minutes plus tard, extirpant de leur bulle les amoureux qui discutaient un peu plus joyeusement. « Comme je suis heureuse de te revoir ! Tu vas bien ? » fit-elle en encerclant spontanément les épaules de Jack d'une caresse. « Oui, très bien. »

Ohhhh c'est tout beauuuu santa

Vivement la prochaine suite santa

C'est le petit bout cucu et violons qu'on attendait tous... Hahaha ! lol!

eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeennnnnnnnnnnnnnnnnfiiiiiiiiiiiiiiinnnnnnnnnn

pour cette suite lol!

Nous avons hâte de lire la suiteeeee lol!

Oh crotte, c'est vrai... ! Désolée............

hiding

Leur appartement était devenu en si peu de temps le berceau de tant d’amour et l’occasion de merveilleux secrets, joyeux remue-ménage pour ses occupantes qui échangeaient désormais sans honte leurs projets. Caressant la légère courbe de son ventre rebondi, Lucy discutait ouvertement avec son amie de tout ce qui l’importait, sans pudeur. Elle s’était résolue à remplacer les scénarios de son avenir, car l’arrivée de ce bébé se faisait imminente ; dans à peine quatre petits mois elle vivrait d’autant plus fort la dépendance, l’inébranlable appartenance envers son conjoint et ce nouveau petit trésor, devant se consacrer à eux corps et âme, par devoir et par amour. Il était devenu évident qu’elle ne pourrait demeurer en poste, afin de ne pas compromettre l’homme qu’elle aime, refusant systématiquement qu’il soit prit en faute. Elle en vint donc à l’unique conclusion qu’elle devrait sonder les concours externes et quitter les bureaux le plus rapidement possible, annonçant sans pudeur sa grossesse au futur superviseur, sans quoi elle se tournerait vers le chômage. Elle avait déjà préparé sa réponse aux inquisiteurs : le projet NEWS risquait de corrompre sa carrière et elle souhaitait ne pas y être associée. Onéreux mensonge, mais elle s’y résoudrait pour les blanchir tous. Cette situation déplaisait à Myles ; il avait difficilement consenti à cacher sa paternité sous certaines réserves, mais il n’acceptait pas que Lucy risque sa santé à courir les emplois, enceinte de vingt semaines pour inévitablement vivre d’amour et d’eau fraîche. Non, cela demeurait impensable. Son plan était clair : elle annoncerait son départ, taisant le nom de son partenaire et on inventerait une histoire sordide pour les lier, au diable ce que les gens penseront de leur étrange famille ! Toutes ces décisions n’avaient pas déchiré Lucy autant qu’elle s’en laissait croire au départ, l’optimisme et la protection de son conjoint aidant celle-ci à affronter l’avenir et apprécier ce futur bébé. Une fois chez elle, elle massait ses hanches et portait des vêtements un peu moins élaborés, confortable de sa situation, satisfaite, heureuse du dénouement : elle attendait patiemment le jour où elle déménagerait officiellement et préparait son amie à son absence définitive en quittant chaque soir retrouver celui avec qui elle bâtirait dès l’or sa vie.

Après ses rendez-vous quotidiens en réadaptation, Jack passait pour sa part pratiquement tous ses après-midis auprès de sa belle, tombante de sommeil, délaissant invariablement une vidéo pour ronronner à la clémence de ses caresses. Bien qu’elle n’ait jamais été aussi heureuse, Sue taisait de plus en plus difficilement ses plus grandes craintes, moment douloureux où ils devraient retourner travailler et se diviser. Comment cela pouvait-il être possible ? Elle plafonnait, désormais liée à celui qu’elle avait tant attendu et désiré. Tant de rêveries frappant la réalité : comme si l’abondance devenait vide soudainement. Comme si cette liaison ne serait jamais autorisée en fin de compte. Bien qu’il partageait son avis secrètement, Jack n’arrivait pas à taire les angoisses durement rationnelles de Sue et lui faire profiter de si beaux instants ; son congé d’invalidité s’écoulait et ses journées paraissaient plus courtes et difficiles à vivre aux côtés de son amant. Elle aurait aimé envisager un avenir sérieux avec cet homme, lui également. Tout ceci étranglait et scandalisait sa bonté ; Sue n’avait plus envie de subir la vie désormais. Elle avait tant souffert et obtempéré, par quelle injustice n’aurait-elle pas droit au bonheur ? Et ce départ de son amie ajoutait à son inquiétude, précarisant sa situation financière. Elle aussi devrait jouer son avenir, elle sentait ne pas en avoir le choix. Devait-elle aussi songer à quitter le FBI et taire sa souffrance pour vivre heureuse près de son amour ; mais si celui-ci n’était qu’un simple feu de paille ? Elle aurait tout perdu. Et son emploi ? Elle l’adorait. Mais que diraient les autorités concernant sa bévue à Durango ? Seul le temps déciderait de son sort et elle n’arriverait pas à en profiter pleinement aux côtés de Jack.

« Nous devons nous préparer à toute éventualité. » soumit-elle au bord des larmes.

Elle voulut le retenir lorsqu’il franchit la porte en effleurant un dernier baiser sur sa joue bouillante, mais avait conclut qu’un temps d’arrêt s’imposait, question de solidifier les liens ou les voir se rompre. Sa gorge se nouait une fois de plus, elle mourrait de solitude et cette satanée lutte entre le cœur et la raison consumait son bonheur ; elle n’arrivait plus à envisager sa survivance autrement qu’auprès de lui. Comment pourrait-elle être aussi conséquente, aussi systématique en de tels instants ? Elle avait vu la mort de près, l’amour également. Ces instants valeureux étaient pour elle d’autant plus importants que tout le reste. Elle eut envie de faire comme son amie et prendre de toutes nouvelles dispositions afin d’empêcher un tel déchirement, puis se questionna longuement à nouveau sur son avenir professionnel, envisageant mille scénarios différents. Et lui, irait-il jusqu’à abandonner son poste pour les mêmes raisons ? Les jours paraissaient si longs… Jusqu’à ce beau matin de printemps où un huissier lui livra une assignation à comparaître. L’avis de convocation classé confidentiel, délivré par le Ministère de la Justice et libellé en copie par le Ministère des affaires intérieures avait saisi l’agente qui attendait ce jour fatidique depuis la fin de son hospitalisation. Sue bondit sur le téléphone et confirma auprès de Tara : ils avaient tous reçus la même directive et seraient convoqués individuellement tout au long de la semaine. Elle réclama donc les copies des nouvelles annexes afin de préparer son plaidoyer.

« Et alors, comment s’est passé l’audience ? »

« Tu sais que je ne peux te révéler quoi que ce soit tant que tu n’auras pas passé devant le jury. C’est confidentiel. » lança Myles d’un ton ennuyé.

« Allez, fais-toi prier… »

« Tout ce que je peux te dire, c’est qu’ils sont plutôt tranchants, voire incisifs et très pointilleux sur chaque petit détail. Bobby en a fait l’éloge pendant une bonne demi-heure ce matin tant il pestait. Mais cela dit, il a raison : ce n’est pas évident d’y aller sans l’appui d’un représentant pour soutenir nos propos, alors je te conseille vivement de mémoriser tout le dossier et te bourrer d’antiacides. Tu veux que je t’attende à la sortie ? »

« Non, je te remercie, ça ira : je me débrouille Myles, je conduis même ma voiture ! » fit Jack d’un ton moqueur.

Lucy pesait et soutenait chaque mot d’un regard insistant. Elle aurait souhaité qu’il serve d’intermédiaire afin de s’enquérir de sa situation, mais le pauvre homme refusa de s’y emmêler. « Non. Jouer les entremetteuses, c’est un boulot de filles. »