Fanfics de Doucelili

Voilà un autre ti-bout (pendant que je grignotte mes restants...).

Et Joyeuse Dinde tout l'monde !

« Appelez-le je vous prie. »

« Monsieur Jackson Samuel Hudson : salle 1.15. »

L’opulence de ses noms hurla sur les immenses parois des couloirs ; l’agent insuffla discrètement son courage avant de se lever. Il observa avec intimidation tous les regards posés sur lui lorsqu’il fit son entrée et dévalait appuyé sur sa canne jusqu’au box accompagné d’un agent de sécurité. La greffière distribua ses copies puis pris place à face à lui :

« Veuillez parler clairement face au Juge et décliner votre identité professionnelle, je vous prie. »

Sans salutation ni introduction, après avoir remis ses coordonnées et assermenté ses propos, le Juge déposa son stylo et leva finalement les yeux de son cahier de notes. Puis cinglant l’agent du regard, il exigea le sommaire de l’opération vue sous son unique perspective personnelle. Se remettant difficilement en contexte, Jack expliqua avec le plus de justesse possible les détails desquels il ne dérogerait pas : les ordres qui lui avaient été donnés lors de chaque minute passée sur le terrain, jusqu’à ce que les tirs du protagoniste l’atteignent.

« Je me suis effondré au sol et ma radio s’est bousillée. J’entendais les tirs qui pleuvaient toujours de tous les côtés et le Fieseler qui tentait une remontée, mais plus rien du centre de liaison ni de mes collègues. »

Sans prendre compte des derniers éléments, l’examinateur extirpa une feuille d’un dossier, puis rajustant ses lunettes, il pointa sans vergogne ses principaux manquements.

« Vous avez confronté cet homme en ignorant d’abord s’il était armé. De plus, selon le rapport officiel, vous étiez à quelques mètres de l’appareil, totalement à découvert. »

Jack consenti : il avait joué de malchance ce jour-là alors que son instinct l’avait poussé à prendre de hauts risques. L’homme de Loi en eut assez, ayant obtenu suffisamment et ne désirant pas en connaître davantage, puis le remercia sèchement avant de mettre fin à l’audience. Tourmenté, il quitta l’édifice sans n’avoir pu expliquer que ses interventions avaient cumulées nombre de preuves substantielles et ralenti la course des revendeurs. Il comprit dès l’or que la capitulation d’un membre influent de la justice devait être plus importante que les leurs.

Sue avait passé la nuit éveillée et seule, cachée dans la noirceur de son grand logement, mais révélée par la tiède douceur d’une chandelle, délaissant derrière elle une table ensevelie de papiers, une nouvelle tisane refroidie et son chien qui dormait paisiblement à ses pieds. « Je t’en prie Seigneur, donne-moi la force de vaincre les obstacles. » se remit-elle longuement. L’angoisse du lendemain puis celle de son avenir l’empêchait de dormir une fois de plus. Levy dressa la tête, sa maîtresse traînait les pieds jusqu’au salon ; elle n’aurait pas la tête tranquille tant que cette fameuse journée ne serait pas terminée. Elle vit l’horizon se dessiner d’un trait pourpre puis la courbe supérieure du soleil apparaître et l’effacer. Enfin, le jour émergeait et se faisait plus insistant avant qu’enfin, elle ne décide à se rendre péniblement à la salle de bain.

« Désolée mon grand, mais je dois te faire subir cet affreux harnais quelques heures. Ils ne sont pas aussi compréhensifs au tribunal. Je t’en prie, ne tire pas trop fort sur ta laisse, d’accord ? »

Elle sortit difficilement du taxi et remonta le col de sa veste, frissonnante sous un ciel qui s’était rapidement couvert. Immobile devant ces escaliers qu’elle devrait franchir sans aide, elle observa longuement ceux qui semblaient dresser la métaphore de cette sombre journée puis emboîta le pas. Elle fit une pause à mi-chemin et reprit sa route, à bout de souffle ; elle n’avait jamais réalisé depuis cet instant à quel point cet accident l’avait terrassée. Une fois à l’intérieur, elle se faufila difficilement au travers une masse de gens pressés et agressifs, s’enquérissant auprès d’un surveillant en lui remettant l’avis. « Tout au fond du couloir, à votre gauche, puis ensuite à votre droite. » Décidément, les circonstances jouaient contre elle ! Elle fit une très longue promenade, s’arrêta quelques instants ça et là puis sous les regards abjects ciblant sa bête, elle s’installa près du local et attendit patiemment. Une femme âgée vint à sa rencontre, déposant sa main rêche quoi que réconfortante sur son épaule :

« Madame Susan Elizabeth Thomas ? Vous êtes appelée. »

« Merci. » fit-elle en maudissant intérieurement le conseil d’avoir oublié ce détail important : Levy n’aurait certes pas été en mesure de la prévenir. Heureusement que la mention d’assistance était affichée sur son harnais, sans quoi elle n’aurait jamais su.

Elle entra doucement, confuse et analysa l’endroit d’un coup d’œil. « Nous vous attendions Madame Thomas. » grommela le magistrat. Elle pressenti chez lui une profonde amertume et préféra ne pas se soustraire à de plates excuses, accélérant la cadence jusqu’au lutrin. Elle signa rapidement à son chien de se retirer, qui rebroussa aussitôt chemin jusqu’aux côtés d’un agent de la paix, amusant la foule quelques secondes.

L’audience fut courte, Sue ne pouvant que confirmer chaque allégation du Juge d’un hochement de tête ou d’une discrète exclamation.

« Madame Thomas, vous avez dérogé de vos fonctions principales, risqué votre vie alors que vous n’en aviez tout simplement pas l’autorité ni les compétences voulues, compte tenu de vos prédispositions. Je suis désolé, mais tout me porte à croire que vous n’étiez pas prête à cette mission. » fit l’homme en refermant son cahier, près à mettre court à leur entretien.

Elle avait sursauté de cette dernière, interrompue à nouveau dans ses propos. Elle savait qu’elle avait bien agi et cet entretien à sens unique l’avait fait sortir de ses gonds ; encore un autre qui la prenait pour une imbécile, une pauvre handicapée qu’on avait accepté dans les rangs du FBI par simple compassion. Elle ne l’accepterait plus : cette nouvelle vie qu’elle s’était bâtie avait laissé ce lourd fardeau derrière elle.

« Votre Honneur, je crois avoir… »

« Ce sera tout, Madame Thomas ! » scanda l’homme avec sévérité.

Sue inspira profondément en regardant incrédule, outrée. Les intervenants furent pressés de quitter tout à coup, mais ne pouvant retenir son élan, l’instigatrice émergea d’un dernier effort, poussée par sa seule et unique force.

« J’ai agi avec témérité je vous le concède, mais également avec bravoure et fidélité, puis je crois que cela fait partie de nos valeurs : ce qui fait de nous de si bons agents. Cette équipe lourdement soudée dans laquelle je suis depuis maintenant cinq ans m’a appris autant qu’eux ont pu le faire auprès de moi et mon handicap, si tel est la vision que vous en avez, n’a rien eu à voir avec mes agissements. »

« Suffit ! Si vous aviez entendu l’homme derrière vous, nous ne serions pas ici à élaborer votre cas de conscience. »

« Non, nous serions au cimetière à pleurer la mort d’un instigateur courageux qui a sauvé nombre de vies. Vous semblez oublier Monsieur le Juge que nous sommes tous du même côté. »

La greffière sauta sur ses talons, prête à l’invectiver de son manque de tact et de politesse, mais l’homme interrompit son élan en frappant du maillet avant ajourna la réunion sans cérémonie. Elle releva les yeux, les regardait tous remballer leurs effets en se remettant quelques instructions ; gonflée d’orgueil, acculée au pied du mur, elle attendit qu’ils franchissent tous le seuil de la porte arrière avant de quitter à son tour. « Espèce d’idiote, qu’as-tu fait ? Tu peux officiellement faire une croix sur ta carrière, je te félicite. » Sa profonde rage et ses brusques réflexions accéléraient sa cadence, engourdissaient ses douleurs. Elle pointa sa montre, réfléchit l’espace d’une seconde puis remonta la rue.

WOWWWW

super ta suite

Elle aperçut sa voiture face au centre de réadaptation et s’appuya le dos sur la portière, à bout de souffle, les joues rouges de froid, soulagée mais à nouveau consciente de son mal. Son chien la regardait avec tristesse, accentuant ses pensées devenues affligeantes par leurs lourdes teneurs. Elle l’attendit, engouffrée dans sa solitude, honteuse de tout le mal qu’elle venait de s’infliger, imaginant la voix grave et tonnante du magistrat qui lançait ses feuilles sur son pupitre, venant augmenter son ressentiment et faire battre la mesure de son rythme cardiaque.

« Sue ? Qu’est-ce que tu fais ici ? »

Son cœur chavira lorsqu’il vint rapidement à sa rencontre, bousculant ses rêves et ses idées préconçues. Elle releva les épaules, le fixa en ouvrant la bouche, puis tangua la tête, incontestable mouvement de fierté dont elle faisait preuve lors de difficiles circonstances. Il frémit intérieurement : venait-elle lui annoncer la fin de ses rêves ?

« Je suis venue te dire que peu importe ce qui arrivera pour notre avenir professionnel, je serai toujours là à t’aimer. Je ne pouvais vivre avec toi car je craignais des autres, mais je ne pourrais jamais vivre sans toi et je serai prête à tout pour cela. »

« Ça s’est mal passé ? »

Sue assouplit ses traits et regardait fixement sa main qui se posait tendrement sur son torse puis Jack s’ouvrit, l’accueillant sans hargne ni pudeur, comme si ils ne s’étaient jamais quittés. Sa seule présence fût suffisante pour comprendre qu’il n’avait besoin d’en entendre davantage, préférant sceller cette promesse solennelle au fond de lui, inestimable preuve pour laquelle il ne voudrait jamais plus douter : l’intarissable et irrévocable Sue avait longuement mûri, rien ne la ferait changer d’avis. Elle serait désormais prête à tout pour eux, et il se gonflerait de cette audace, refusant avec un peu plus de lucidité que leurs amours vivent secrètes et fragiles ; il laisserait Sue prendre les commandes de leur relation au détriment du reste, si telle en était sa volonté et il la soutiendrait. Elle lui témoignait d’une ouverture sans bornes et il aurait enfin droit de l’aimer sans retenue, si tel était son souhait. Tant qu’elle serait près de lui et confortable de sa situation, leur relation à long terme finirait éventuellement par enfouir et taire le tumulte du doute qui les arracheraient à leur bonheur une fois de plus, les rendant plus amoureux et solides encore qu’au premier jour. Les meilleurs amis devinrent meilleurs amants : ils officialisèrent dès cet instant leur union, confinant au cachot leur indocile première épreuve et dernière absence, fusse-t-elle nécessaire à leurs ajustements réciproques.

je suis dans le même état que Ninou!!!!

Ton Myles est trop crampant!!!

Je retourne danser dans mon salon avec la musique au max!!!! C'est ta faute Mimi, j'ai écouté ton montage sur "Miracle" et depuis, je ne peux pas m'arrêter de danser!!!!

Ahhhhhh tu as mis une suite aujourd'huiiiii MERCIIIIII

Et oui, et comme c'est la dernière de l'année demain, je vous réserve une petite (ou plutôt une très longue) surprise ! À demain... pour la fin !

Tara et Myles étaient installés silencieusement en salle de conférence depuis déjà fort longtemps lorsque Bobby s’y engouffra à son tour, suivi de Lucy.

« Du Sudoku ? La tendance populaire à ce que j’ai constaté. Expliquez-moi… »

« Un jeu de dispositions mathématiques. Le mot veut dire « il ne peut y avoir qu’un seul chiffre ». Tu dois placer logiquement chaque numéro en respectant les contraintes de la grille : un par ligne, un par case. » expliqua Tara

« Mais c’est du chinois ce truc ! »

« Non en fait, c’est un casse-tête japonais. » rétorqua Myles, les yeux toujours plongés sur sa découpure.

« Non mais comment vous faites pour relaxer, ce n’est pas possible ! »

« Dem ! Que nous sommes heureux de te revoir ! » s’exclamèrent-ils en chœur.

Lucy avait soigneusement garni la vaste table de viennoiseries et servit le café sous le couvert discret de son conjoint. « Prêts pour le verdict ? » Tous s’étaient tus et l’adjointe regretta son élan : ils auraient bientôt la confirmation de ce qu’ils appréhendaient tous et devraient faire face à leur sort.

« Ça me donne les chatouilles de revenir ici après tout ce temps. » fit Sue en franchissant le seuil de l’entrée principale.

Jack voulut se faire rassurant mais ne put dissimuler son trac, puis choisit de s’en remit à Levy qu’il observa un sourire en coin, alors que celui-ci contenait mal son optimisme en zigzaguant au bout de sa laisse. Toutes ces odeurs qui semblaient lui appartenir depuis tant d’années avaient manqué à ses instincts animaliers, cadraient et confinaient ses aises : ce territoire était à lui seul et il irait illico se remémorer les autres lieux avec bonheur, flairant ça et là quelques étages plus hauts. Dès que les portes de l’élévateur furent décollées l’une de l’autre, Sue abandonna sa laisse puis Levy partit au galop jusqu’à la salle de conférence, ouvrant la porte d’un violent coup de crâne.

« Levy ! Toi aussi tu nous as manqués mon chien ! »

« Sans rancune, mais à mon avis, ce sont plutôt les beignets qui lui ont manqués. » fit Jack en déposant une main au dos de sa partenaire qui emboîta le pas devant lui.

« Sue… Ma belle, comment vas-tu ? Cela fait si longtemps ! »

« Je vais beaucoup mieux Bobby, je te remercie. »

Tous se saluèrent comme si des années les avaient séparés. Avec toute sa caractérielle retenue, Myles porta d’abord son journal au recyclage avant de retourner vers le groupe, serrer la main de Jack. Puis, il s’avança timidement vers Sue, lui demandant un moment en privé. Étonnée quoi que ravie, celle-ci accepta et les collègues se retirèrent au fond de la pièce, sous le regard curieux des autres.

« Je voulais te dire que je suis sincèrement désolé de n’avoir été présent auprès de toi ces derniers temps. Tu as vécu une épreuve terrible et j’ai agi être prétentieux, en égoïste sans vergogne. »

« Myles, tu me touches beaucoup… Je te remercie de ta compassion et je tiens à ce que tu saches que je ne t’en tiens aucunement rigueur, même que je n’exigeais pas cela de toi. Chacun vit les choses à sa façon… »

L’homme l’interrompit d’un geste franc, prit une distance face à elle, inspira profondément et signa avec fluidité toute sa dilection, son admiration et attachement quasi-vénérable pour celle qui le regardait lui parler avec ses mains, accompagnant d’une limpidité remarquable chaque mouvement du mot.

Un jour, tu m’as dit de m’ouvrir. J’ai retenu ce message et j’en ai fait bon usage. Ce que tu m’as apporté Sue est bien plus que de la satisfaction personnelle. Je croyais avoir suffisamment d’assurance, mais j’avais tort : tu m’as insufflé cette confiance en moi puis envers les autres. Tu nous as appris par ton ouverture et ton courage : tu es devenue notre porte-étendard, notre force intérieure à tous. Cela est bon de te retrouver et quoi qu’il arrive aujourd’hui, tu demeureras en nous.

L’équipe était restée muette un instant et admirait leur étreinte, émus, attendris. Pour la toute première fois depuis nombre d’années, Sue accepta le compliment sans modestie et s’imprégna de ce magnifique témoignage tel un gage d’une victoire supplémentaire sur l’éternel combat de sa vie. L’amour de ses amis lui revenait à nouveau en plein visage, abreuvant ses conformistes liaisons de ses actions fantaisistes. De par son authentique démonstration, il insuffla à tous une nouvelle ration de bonheur, chassant de leurs esprits tout l’orgueil et ses malsaines ambitions. « Mais c’est une déclaration d’amour, ma parole ! Petit menteur va, tout ce temps à nous faire croire que tu n’y comprenais strictement rien ! » s’exclama Demetrius. Quelle surprise ce fut ! Myles parlait l’LSF et avait appris à lire sur les lèvres, puis il avoua aux autres qu’il prenait des cours du soir depuis tout près de trois ans. Lucy se désolait intérieurement d’avoir été si brusque à son égard, puis Jack élucida enfin le mystère qui planait, remémorant aux autres leur intervention au casse-croûte l’automne précédent.

« Mesdames, Messieurs, veuillez prendre place, je vous prie. »

Le directeur des communications et celui des ressources humaines, suivis de près par Randy firent abruptement leur entrée dans les locaux, raidissant la colonne vertébrale des agents qui avaient presque oublié l’espace d’un instant le but de leur rencontre. Aidé par Lucy, les superviseurs branchèrent la vidéo et officialisèrent l’appel conférence. Les employés en attente du reste des intervenants patientaient, hypnotiques de par les lumières rouges et vertes qui clignotaient sur cet appareil étrange désormais semblable à une soucoupe volante. Myles pria Sue de déposer l’enveloppe scellée contenant la conversation et signa à sa collègue son intention de traduire la conversation, s’installant face à elle ; ils patientèrent encore plusieurs minutes, anxieux et fébriles. Qu’allait-il advenir d’eux, leur pardonnerait-on la mort des agents de la deuxième et l’écart de conduite de Jack et Sue, la dérogeance de leur chef ? Irait-on se rappeler de tous leurs valeureux accomplissements ? Il serait odieux, voir impossible selon eux d’effacer toute la gloire passée au profit d’une bévue, aussi monstrueuse soit-elle. « Washington, vous êtes là ? » fit une voix pointue à travers le combiné. Tous avaient été abruptement extirpés de leurs élucubrations : il était temps de connaître leur sort et remirent leur regard perplexe au centre de la table, Sue leva ses yeux troublés vers Myles qui le soutint avec conviction.

Au cours des derniers mois, la vaste opération NEWS a mené les hommes de la cinquième division du Bureau Fédéral d’Investigation à cumuler suspicions et défiance envers le Solliciteur Général : Maître Nathan DiManno un membre influent du congrès et du conseil de la magistrature du district de Columbia depuis nombre d’années. Je tiens à préciser que toutes les preuves incriminantes au dossier ainsi que celles cumulées lors de cette opération ont été analysées avec soin. Mais si vous me permettez, je vais tout d’abord résumer les faits.

« Attention à ce que tu vas dire, grand-père. » murmura Bobby entre ses dents. Il l’écouta attentivement expliquer la teneur de chaque avancée depuis septembre, outré de constater qu’il ne tarissait pas d’éloges envers le défunt Procureur, omettait de préciser le niveau palliatif de chaque décision puis remettant trop brièvement à son humble l’incident de Tara, par lequel son accablante preuve déclencha tous les soupçons et les débuts de l’enquête clandestine. Il regardait sa partenaire, la hargne dans les yeux, mais celle-ci la distinguait avec aisance puis dosa son trouble d’un geste modérateur. Bobby inspira profondément et écouta la longue suite des événements dont il connaissait déjà le dénouement. Des hauts et des bas, de vains espoirs puis de lourdes inquiétudes : l’objectivité des décideurs refusait de laisser poindre ne serait-ce qu’un infime indice sur leurs intentions formelles, relatant chaque fait en analysant les deux côtés de la médaille.



Forcément, toute la bande fut emballée à l’annonce du verdict, mais la vacillation des derniers propos laissait planer une ombre au-dessus de leur tête. Ils s’en remirent aussitôt au directeur des ressources humaines qui prit place au bout de la table :

« Tel que vous venez de l’entendre, il est nullement question d’abolir vos emplois. Chacun de vous continuera à travailler pour le F.B.I. » fit-il d’un ton complaisant et faussement rassurant.

« Dites-nous, quelles décisions avons-nous à prendre ? Vous nous confinez au classement ? » souleva Myles avec indignation.

Le directeur inspira profondément et poursuivit d’un trait : « Nous avons révisé certains enjeux pris en compte lors de vos précédentes actions et avons dû prendre une décision administrative quant à la structure hiérarchique de l’organisation. Nous sommes dans l’obligation de par les autorités de ce pays de cadrer votre équipe entre deux divisions distinctes. »

« Excusez-moi, je n’ai pas bien saisi. Nous ne travaillerons plus pour la même unité ? » fit Sue

« C’est exact. Toutefois, vous traiterez les mêmes dossiers. Le service de l’instigation criminelle nouvellement créé sera chargé d’élaborer le contenu des informations, puis le service d’enquête externe devra les corroborer sur le terrain, cueillir les témoignages, les preuves… »

Les employés baissèrent le regard sans en ajouter. Il ne faisait aucun doute que cette nouvelle perturbait leur grande réciprocité, mais que le but de cette intervention était peut-être justement de les mettre en garde sur le caractère fragile qu’elle contenait. Puis elle troubla profondément ceux-ci, accoutumés qu’ils furent à toucher chaque aspect des enquêtes ; choisir entre le terrain ou le bureau, il allait de soi qu’une longue réflexion s’imposait pour certains.

« Afin de vous aider à faire votre choix, nous avons pris soin d’ajouter vos anciennes évaluations dans chacune des enveloppes : elles seront fortement tenues en compte lors de votre décision. »

« C’est donc dire que nous sommes prédisposés à un poste et nous avons intérêt à choisir le bon, n’est-ce pas Randy ? »

Le directeur administratif et les deux autres superviseurs cachaient mal leur embarras puis quittèrent promptement, laissant ceux-ci derrière eux sans autre explication. Un long silence envahit tout à coup la pièce ; se rabattant puis délaissant leurs documents cachetés, se comparant avec désolation l’un et l’autre, les enquêteurs comprenaient désormais que l’annonce de leur acquittement ne fusse pas aussi soulageante et joyeuse qu’ils l’eurent espéré. Ils n’étaient toujours pas au bout de leurs peines. « Je vous jure que je n’en savais strictement rien. » se désola Lucy avant de s’en remettre au réconfort des autres. Divisés dans leurs actions, comment pourraient-ils trouver la motivation nécessaire à s’accomplir à cent pourcent alors que la formation qu’ils ont reçue était complète, couvrant tous les aspects du métier ? Puis ces années d’expérience à couvrir le terrain de fond en comble, pourquoi soudainement n’auraient-ils pas le droit de poser une action sans d’abord en demander le consentement aux autres ?

« Voilà trop d’émotions pour une seule journée ; je suggère que l’on aille faire une pause et nous en reparlerons. Qui m’aime me suive ! » fit Demetrius en se relevant promptement, sous le regard hébété des autres.

« Jack, cette destitution… Tu en penses quoi ? »

« J’en suis fort heureux ! »

Elle sourit à pleines dents et serra fermement la main de son partenaire avant que la voiture ne s’engouffre au prochain carrefour et ne s’immobilise face au restaurant. Il avait comprit qu’elle ne retournerait plus sur le terrain, qu’on avait primé son esprit d’analyse au profit de ses interventions limitées. Son choix était évident, limpide, mais elle eut craint un instant que Jack refuse également de reprendre les rangs avec une jambe qui répondait difficilement à ses commandements. Mais il prolongerait son invalidité et polirait ses actions passées. Bien entendu, ils vivraient le tumulte de la restructuration, le rodage puis les difficultés d’adaptation liées à leurs nouvelles fonctions, se buteraient aux nombreuses limites qui leur seraient imposées par la convention. Mais tout cela ne leur importaient plus désormais et ils apprendraient à y faire face, car ils auraient enfin droit à leur réciprocité ; paradoxe dans lequel Jack consenti pour le simple bonheur de partager sa vie et sa carrière aux côtés de Sue. On discuta longuement durant le repas, échangeant d’heureux événements et bons coups, puis à la fin de celui-ci, tous sauf Tara avaient retrouvé leur sécurisante plénitude, la paix intérieure nécessaire à une décision réfléchie. « Je préfère m’accorder encore un peu de temps, si vous me le permettez. » Ses amis avaient respecté son choix et n’avaient pas insisté auprès d’elle, tenant à ce que cette réunion se termine sur une bonne note.

« En fin de compte, ça m’arrange ce limogeage. Toute cette paperasse et ces réunions, je commençais à prendre du bide. » fit Demetrius en riant

« Alors à notre ex-patron et son contentement à revenir courir les méchants avec nous ! » rétorqua Myles en levant son verre.

Sous un couvert discret, Jack effleura un coup d’œil légèrement folâtre dans celui de sa partenaire qui sursauta ; pas si vite, pas si tôt ! Mais l’homme, emballé et rieur tenait désormais à briser le silence et partager cette bonne nouvelle avec eux. Ne pouvant freiner son élan, elle le vit se lever doucement de table, rougissante du menton aux oreilles.

« Puisque les circonstances jouent désormais en notre faveur, je tenais simplement à vous dire que moi et Sue sommes officiellement ensemble. »

On félicita le jeune couple puis on se moqua forcément de celui-ci, remontant les souvenirs jusqu’au moment où ils avaient été mariés lors d’une enquête. La secrétaire et confidente relata également le doux baiser qu’ils s’étaient échangés pour brouiller les pistes d’une seconde instigation, trahissant dans son élan la parole de Sue lui ayant confié ne pas y avoir été indifférente. Celle-ci ne s’en était pas indignée, heureuse d’apprendre à celui qu’elle aimait que ses sentiments vivaient en elle depuis fort longtemps. Puis sous le couvert de Lucy qui attendait impatiemment ce moment, Myles annonça également ses amours puis la venue prochaine de leur enfant. Toute la bande applaudissait chaleureusement et riait de bon cœur : ils avaient eu raison de douter de leur liaison, mais furent dupés par l’inopinée grossesse de l’adjointe. Les nombreuses interrogations fuselant de part et d’autre rendaient désormais la tâche difficile pour Myles qui tentait de contenir l’enthousiasme débordant de sa conjointe, regrettant presque son geste alors qu’elle allait jusqu’à dévoiler sans embarras aucun l’horaire approximatif des derniers mois ainsi que leurs intentions. La fébrilité était désormais à l’ordre du jour autour de cette tablée qui s’éternisait, réunissant ceux que l’on avait séparés quelques heures auparavant : ses convives préférant se rallier et continuer sur des bases semblables, omettant sans le dire les aspects pratiques de ce nouveau code sévère auquel ils devraient se conformer.

Myles avait terminé les emplettes tôt en matinée puis s’était empressé de décorer le jardin aux préférences de sa conjointe nouvellement emménagée qui s’en ravissait, contemplant le résultat final de par les larges fenêtres de la verrière. Fort heureusement, la journée s’annonçait somptueuse pour ces hôtes pressés de recevoir qui avaient révisé tout au plus une dizaine de fois leurs nombreuses listes de corvées. « Tu ne lèves pas le petit doigt, tu m’entends ? Belle-maman et moi se feront une joie immense de courir du frigo à la cour, mais toi et bébé, vous demeurerez bien sages. » Lucy ne se fit pas prier, et ce malgré l’agacement qu’elle ressentait à ne pouvoir recevoir les gens à sa convenance : quoi que très en forme, le manque de sommeil et de mobilité des derniers jours ralentissaient ses élans et l’épuisaient. Également, le protectionnisme duquel elle vivait cloîtrée jouait intarissablement en sa défaveur. Myles reçut livraison de mets préparés, de la location du mobilier de jardin ainsi que d’un immense barbecue auquel il n’avait pu résister, soit disant par devoir familial. Il termina de brancher ses emplis puis entra finalement à bout de souffle avant le dîner, confirmant les inventaires avant de grimper à l’étage se préparer à tous les recevoir : ce serait une magnifique fête !

Demetrius, Donna ainsi que leur fils et un copain arrivèrent les premiers, et tous prirent place au jardin, un thé glacé à la main. S’en suivi quelques instants plus tard des parents de Myles, tout juste descendus de l’avion. Sondant le groupe afro-américain depuis leurs tièdes premières salutations, ils eurent tôt fait de s’attirer les foudres de leur fils qui les conjura de changer d’attitude avant de leur remémorer que l’enfant qu’il attendait porterait la même couleur. Ceux-ci affichèrent un visage scandalisé et le rassurèrent avec peu d’aisance, préférant observer de loin l’attitude ces gens qui leur ne étaient pas familiers. Des amis communs firent leur arrivée, quelques membres de la famille de Lucy puis la sœur de Myles leur fit une inopinée surprise, au bras d’un bel inconnu, dégelant les élans de Madame Leyland. S’en suivi quelque temps plus tard de Bobby, Jack et Stanley accompagnés de leurs conjointes, modifiant d’un cran l’ambiance passablement festive déjà installée.

Les femmes étaient réunies à la cuisine, se racontant pour une énième fois le somptueux mariage ainsi que leur voyage de noces de Tara aux Îles Grecques, déballant les plateaux avec ravissement.

« Lucy, je trouve que la grossesse te va à merveille, tu es radieuse ! » fit Sue en posant ses mains sur son ventre.

« J’ai toutefois hâte de l’être moins, si tu me suis. Ce que c’est lourd par moments : les difficultés à dormir, les maux de dos, les pieds qui enflent. Sans compter Myles qui ne me lâche pas d’un pouce : vivement que ce bébé arrive avant que son cœur ne flanche. » fit-elle en agrippant un cabaret.

« Sauf pour les enflures, je ne crois pas que le reste change à la naissance de l’enfant jusqu’à ce qu’il atteigne deux ou trois ans, désolée. Ceci dit, on raconte que tout ce qu’il t’apportera en revanche est incomparable et viendra à bout des épuisements quotidiens. Et toi Sue, c’est pour quand tous ces projets futurs ? » rattrapa Tara en lui tapant un clin d’œil.

« Oh là, nous venons à peine d’emménager ensemble, n’en rajoutez pas : je trouve que les événements se présentent plutôt rapidement pour nous également. Toi en revanche, tu as toutes les cartes en main, alors j’ai bien hâte que nous… »

Myles passa par derrière et subtilisa l’assiette des mains de sa femme sous le couvert amusé des deux autres : « Pas d’effort, je te l’ai dit ; il ne faudrait pas que mon fils naisse avant terme. »

« Ton fils ? Et si c’était une fille ? » scanda-t-elle en subtilisant un second légume.

L’homme reparti en trombe sans répondre, remettant les plateaux aux autres qui se chargèrent de les déposer au centre des tables, puis extirpa ensuite les viandes marinées de leurs contenants avant de les rendre à Demetrius et Bobby qui attendaient ce moment avec impatience.

Le soleil se dissipait peu à peu sous l’horizon, laissant briller à sa place de magnifiques lanternes colorées et quelques grappes d’ampoules au-dessus de leur tête. Tous se délectaient de leur repas, l’alcool coulait à flot et Myles trônait fièrement en bout de table, observant avec noblesse ses invités qui se donnaient allégrement à de nombreux sujets de conversation, étouffant la musique qu’il avait prit soin de choisir. L’infatigable Madame Dotson empila les couverts, puis déposa les carafes brûlantes et condiments sur les tables, suivie de près par Donna qui offrit le dessert à chacun d’eux. Lucy se leva, accompagnée dans son élan par son conjoint qui les remercièrent tous personnellement de leur compagnie, ainsi que des quelques présents desquels ils n’osaient s’attendre. Sue se leva à son tour afin de souhaiter un bel avenir à Myles le quatrième ou Mila, ce qui fit rigoler le groupe qui brandit à nouveau les coupes, adoptant à l’avance le prénom choisi par la marraine. Puis alors qu’une accalmie se faisait autour d’eux, la grand-mère de Lucy et sa fille partirent à la rencontre des hôtes et leur offrirent un duo magnifique, hymne soufflé de la voix influente et puissante de la sexagénaire, remettant nombre de frissons aux conviés. « Comme j’aimerais entendre cela. » rendit Sue au creux de l’oreille de son conjoint. Celui-ci effleura alors ses tempes d’un souffle doux et embrassa légèrement ses paupières ; vibrante, elle demeura les yeux clos un moment, imaginant que ce qu’ils appréciaient devait être aussi doux qu’un rêve, aussi tendre qu’un baiser. De lourdes larmes de joie roulaient désormais sur le visage de Lucy qui choisit de se joindre au chœur, puis tous terminèrent ce sensible et pénétrant cantique en s’applaudissant.

Et voilà les copines, c'est la fin de ma très longue histoire. J'espère qu'elle vous a plu. Ça a été un véritable plaisir de m'évader dans l'écriture et snobber les corvées pour le simple plaisir de la partager avec vous.

Je vous souhaite à toutes une très belle année 2008, santé, bonheur, prospérité et de beaux projets qui vous tiendront occupée et satisfaites.


Lili -xxx-

Wouahhhhhhh
BRAVO POUR CETTE MAGNIFIQUE HISTOIREEEEEEE
JE LE SAVAIS QUE MYLES ÉTAIT UN HOMME PARFAITTTT

Sérieusement, c'est troppp beauuuu

Merci de nous avons donné une aussi belle histoireeeeee

Un très grand plaisir ma belle, contente que ça t'aie plu et que Myles soit demeuré aussi fidèle à tes pensées. Haha !

... Sait-on jamais, peut-être y'aura-t-il une deuxième histoire tout aussi longue et tordue en 2008... !!

Ce n'est pas moi qui va dire non à tes talents d'écrivaine

... Merci...

Ne rougis pas

Ok.......................... ! Hihihihi !

Salut Doucelili,

Vraiment superbe ton histoire

j'espére qu'on pourra te lire à nouveau en 2008

En attendant je te souhaite de passer une bonne soirée et bonne année 2008

Je te remercie beaucoup Lesoa, je vais mijoter tout ça et probablement vous pondre une histoire entre les préparatifs du mariage (si ça arrive enfin cette année... !! Hihihi !) question de me détendre le gros nerf et de construire autre chose que des bonbonnières.

Doucelili pour cette trés belle suite et cette trés belle fin ,vraiment superbe cette histoire
je te souhaite une Bonne et Heureuse Année 2008

Ce fut un énorme plaisir de vous rendre mon script durant toutes ces semaines.