Fanfics de Doucelili

T'en fais pas Val02, c'est gentil, je te remercie.

Mais désolée à mon tour d'avoir oublié hier... Voici la suite :

Les froids avaient perdurés tout le reste du mois de janvier, oscillant autour de maigres -20c sur lesquels on ajoutait quelques degrés de moins dû aux fortes bourrasques qui utilisaient les rues achalandées comme des couloirs pour transporter son vent d’aussi loin que la rivière Potomac, transformant ainsi les rues et trottoirs en de véritables patinoires. Février se pointa timidement le bout du nez et la veine espérance d’un adoucissement des températures accentuait le niveau d’impatience des membres de la cinquième. Toutefois, les nuits déjà tombées à dix-sept heures et les édifices givrés dans lesquels on pouvait presque y distinguer son portrait ne décourageaient pas Tara de se rendre à la bibliothèque du Congrès. Fidèle à l’habitude qu’elle avait adopté au départ, elle s’y rendait les mardis et jeudis ; après avoir passé en revue les derniers best-sellers qu’elle louait pour la forme, elle s’incrustait ensuite parmi les archives nationales, suivie de près par Simon avec qui elle travaillait en sourdine depuis deux mois. Ce soir-là, elle avait obtenu assez d’information à propos de Dosley pour les remettre à son équipe. Elle se rendit donc chez Bobby qui recevait Jack, les deux étant installés confortablement, bière à la main, usant de stratégie afin d'avancer une tortueuse mission de Halo.

« Désolée d’interrompre votre partie, mais je dois vous parler. »

Bobby déposa un index sur ses lèvres, referma la porte derrière elle puis lui retira son manteau. Il abattu ensuite tous les rideaux puis l’assurant que l’endroit était sécuritaire, il la fit passer au salon. Celle-ci déballa quelques découpures et s’élança :

« Je me suis intéressée de plus près au cas Dosley. Vous avez consulté son dossier : vous savez donc qu’il a été accusé de fraude fiscale il y a cinq ans envers une imprimerie commerciale. Or voilà… En me renseignant à ce propos, j’ai découvert qu’il y avait eu tout un tôlé entourant cette affaire. D’un côté, Rick maintient qu’un receleur hispanophone l’a rencontré puis proposé une importante somme en l ‘échange de fiches comptables sur l’entreprise où il travaillait depuis peu (ce qui est vrai puisqu’on a retrouvé ses empreintes dans tout le bureau). Mais de l’autre, il maintient avoir porté des gants et… je me rends compte que l’État a accusé Dosley. »

« L’État ? Pourquoi pas l’entreprise elle-même ? »

« C’est ce que je me suis dit également. Alors j’ai fouillé les registres et devinez un peu qui était Solliciteur en chef à cette époque ? » fit-elle en rendant l’évidence de sa réponse

« Il a magouillé tout ceci ? Mais pourquoi ? »

« Regardez le jugement de la Cour. »



« Une entente pour que l’administrateur puisse reprendre son entreprise sous une nouvelle gouverne. » en conclut Jack

« Non seulement cela, mais le comité élu par le Ministre a déterminé trois œuvres de charité locales dans laquelle les sommes recouvertes devaient être transférées. Et Dimmano faisait parti du C.A. Juge et bourreau ! »

« Oh là… Beau melting pot. Le clan NEWS s’élargit. » lança Bobby avec stupeur

« Je crois plutôt que c’est une façon bien à eux de financer leur projet, de la pure calomnie. » proposa Jack

Tara répondit à l’affirmative : les états financiers de la fondation de la Children’s Hospital ne mentionnaient aucune donation de cette classe au visible et surprenant montant de 105,000.00 $, tandis que les deux autres œuvres de bienfaisance avaient ajouté celle-ci à leurs constats, allant même jusqu’à introduire à leur revue annuelle, un mot des présidents respectifs récompensant la générosité du Ministre. Elle laissa ses co-équipiers mijoter ces dernières allégations puis demanda à ce qu’on lui appelle un taxi. Bobby la reconduit jusqu’à l’extérieur, lui faisant promettre de la téléphoner dès son arrivée ce qu’elle fit à leur grand soulagement quinze minutes plus tard.

« Beaucoup d’argent généré pour une simple imprimerie commerciale… » soupira Bobby en grimpant le son du téléviseur.

À peine avaient-ils échauffés leur corps que Myles s’était engouffré dans la sombre salle à dîner, pendant que sa douce moitié terminait hâtivement sa toilette. Elle retrouva l’homme les mains sur les hanches. Celui-ci l’admira tendrement, venant troubler l’élan de Lucy.

« Trois fois en deux mois et chaque fois, je sens ta hâte d’en finir. » soupira-t-elle

« Tu te trompes. »

« Ah oui ? fit-elle en contrecarrant l’espace de larges gestes, alors pourquoi les rideaux sont-ils fermés en plein jour ? Tu as honte de moi, c’est donc cela ? »

Il hocha la tête et quoi que peu convaincue, elle débita d’un trait qu’elle en avait assez de vivre dans l’ombre. « Tes sorties mondaines, tes sculpteurs, tes peintres et tes autres bricoles-machins sont plus importants que moi ! » Myles fouetta ses sentiments d’un regard lourd de reproches, son amante effaça la brume de ses yeux, blessée d’en être rendue à ce constat et apeurée à l’idée de perdre l’homme à nouveau. Oui, les termes de leur contrat étaient clairs, mais Lucy avait déraisonnablement envie de s’épanouir aux côtés de celui qu’elle aimait. « Je n’ai assisté qu’à un seul événement depuis notre… » répondit-il avec assurance. « Alors où étais-tu ? » Furieuse de n’avoir obtenu aucune réponse à cette dernière, elle laissa Myles fixer le sol puis remonta à la chambre, révisant en elle tous les chapitres dessinés à l’avance de l’aventure tordue dans laquelle elle s’était empêtrée.

« Tu sais Myles, je crois que moi aussi j’ai envie d’essayer l’indépendance. » lança-t-elle en dernière missive pour se donner une contenance, avant de refermer la porte sans fracas.

Quelques rues plus loin, alors que son opportunisme avait eu raison de sa liaison et que la rage se lisait désormais sur les tempes de Lucy, Myles était demeuré de marbre dans sa salle à dîner. Voilà ce qu’il lui en coûtait d’être honnête : il perdrait celle qu’il aime par simple congruité, l’impénétrable code de bienséance qui faisait son charme depuis tant d’années. Il n’était pas indépendant ; il avait envie d’elle, il l’aimait et travaillait ardemment à laisser derrière lui l’image qu’elle projetait, mais il ne voulait pas briser son anonyme existence et se lancer dans de folles aventures avec une jeunesse qui pourrait repartir aussi aisément qu’elle était entrée dans sa vie. Pourquoi voudrait-elle d’un vieux ? Et pourquoi disait-elle l’aimer si elle se permettait de l’engueuler vertement et le quittait sans remords ? Non, il n’avait pas besoin de cela. Il respira ses draps une dernière fois avant de les lancer dans la lessiveuse, se savonna généreusement avant de reprendre la lecture de son magazine horticole, une tasse de thé à la main.

Lucy avait pris du temps à rentrer chez elle, honteuse et mal de tout son être. Elle espérait que sa colocataire ne soit pas de retour et heureuse de retrouver l’appartement abandonné, elle bouda le réfrigérateur et enfonça son visage couvert de larmes au fond d’un oreiller, puis se perdit dans son grand lit… vide et froid. Contraste de tout ce que son cœur pouvait contenir depuis quelques heures. Elle avait eu tant de mal à émettre son point de vue, sachant pertinemment qu’elle le choquerait et voulant à tout prix préserver son union. Toutes ces pirouettes et tous ces jeux d’ombres auxquels elle se soumettait en vain depuis des semaines dans l’espoir d’y changer leur destin, tous ces sentiments exagérés pour son simple plaisir, tout cet abaissement, cette déraison, cette déliquescence. Par amour ? Ou alors par simple attraction physique ? Mais pourquoi jouer les putains et se pervertir, délaisser sa fierté au profit d’un homme qui semblait n’utiliser que ses bassesses ? Elle n’était certes pas de celles-là qui donnaient leur corps à qui-le-veut alors pourquoi avait-elle laissé un intouchable personnage lui faire la cour ? Elle se sentait d’autant plus ridicule que trahie, amoindrie, diminuée, détériorée. Sous une couverture assurée se cachait désormais une femme violée, encore plus qu’à l’échec précédent. « Je ne suis pas indépendante : je l’aime et j’ai besoin de lui. » soupirait-elle entre deux sanglots. Elle frappait ses coussins, battait ses draps et maudissait ses envies de se ruer sur le téléphone. Non, elle le laisserait réfléchir à ses cachotteries ; avec quel culot lui mentait-il sur ses allés et venues ? Il avait probablement usé de son charme et fréquentait une autre femme, cela s’était déjà vu. Jalouse d’une possible union alors qu’elle n’en avait même pas entamé une formellement avec lui. Mais elle sentait qu’il lui appartenait et se jura intérieurement de continuer à l’aimer avec une insistante beauté jusqu’à ce qu’il se rende compte de sa bêtise et revienne à ses pieds en rampant ; alors elle lui servirait le même regard et le tiendrait dans ses filets. L’ange soupira à son oreille : « Cela n’est pas de l’amour et tu le sais. » Alors elle baissa les armes, condamnée, déshonorante, écœurée. Lorsqu’elle entendit la porte de l’entrée, Lucy enroula son corps encore vêtu dans sa couverture et fixant le mur du fond, elle rythmait lentement la mesure de son souffle et fit mine de ne pas entendre Sue qui vérifiait si elle dormait déjà. « La pauvre, elle semble si heureuse de sa journée. »

hoy .... 2 bout !!!!

toujours aussi bien !!!!!

Michi... Désolée pour hier, z'oublié...

pas rave !!!!!!

ahhh mon dieuuuuuuu

Ça ne pouvait pas être beau bien longtemps avec Myles

Pauvre choupine, t'en fais pas... !! Myles ira mieux bientôt...

Doucelili a écrit:

Pauvre choupine, t'en fais pas... !! Myles ira mieux bientôt...

Super dans ce cas

Lucy s’était éveillée avec assurance, entreprenant sa nouvelle vie de célibataire avec tout le bonheur qu’elle affichait avant sa précédente union avec… Elle cherchait en elle tout le naturel qui l’habitait jadis et se fit convaincante auprès de ses amis qui n’y virent que du feu. Lorsqu’elle l’entendit discuter au fond de la pièce, elle prit sur elle et détourna toute son attention sur son travail pour en venir qu’à l’ignorer totalement. En fin de journée, elle se félicita intérieurement : non seulement son stratagème demeurait imperceptible auprès de ses collègues, mais elle sentait qu’elle le blessait autant qu’elle pouvait l’avoiri été la veille. Le surlendemain par contre, l’irrévérence des propos de Myles en contexte professionnel l’avait saisie, choquée. Non, elle ne se laisserait pas abattre si facilement.

« Jack, Fox a établi le contact. Ils se dirigent vers l’aérodrome. »

Les agents sautèrent en bas de leur chaise : voilà plus de trois semaines qu’ils filaient ces guignols. Ils accrochèrent leurs armes sous leur veste puis s’engagèrent d’un pas pressé vers le stationnement souterrain, se lançant à tour de rôle les instructions qu’ils avaient préalablement révisées. Durant le transport, Jack briefa à nouveau Sue des enjeux possibles et alors que les hommes avaient déjoué les guets et resserraient silencieusement la formation autour des voitures, l’agente lisait la conversation à Tara qui balayait vivement du regard chaque écran.

« 531, possible mouvement à 12 heures. »

« Ici 533, je confirme… » susurra Myles dans son écouteur, se retournant lentement pour mettre l’homme en joue.

Si tôt dit, un mouvement de panique bien planifié s’installa et les hautes sphères de la société clandestine se ruèrent sur leurs voitures, enveloppées de leurs gardes du corps. L’un des surveillants assommé un peu plus tôt courut vers les véhicules afin d’en protéger ses occupants au risque de sa propre vie et plaqua au passage le pauvre homme qui se retrouva face contre terre. Bobby et Jack remontèrent les carabines avant de les poursuivre au pas de course, mais furent rappelés à l’ordre par Tara.

« Ça va, laissez-les, ils ont déjà une équipe à leurs trousses. »

« Ils nous ont manipulés, ils savaient que nous les surveillions. » rétorqua Jack.

« Il m’a foncé dessus comme un train, ce salaud ! » scanda Myles en se pinçant le nez.

« Ils ont parlé de l’aigle qui se positionnerait dans la semaine des quatre… ? » fit Sue d’un air interrogateur.

« Jeudi. C’est une expression que nous utilisons : la semaine des quatre jeudis, c’est une façon de dire jamais. » soupira son instructeur.

Le code sujet à mille interprétations continua de berner longuement les officiers. Sue se refusait à laisser choir cette affaire, solidaire de son chef garant de la sécurité de ses sujets tel un roi qu’elle n’avait pas envie de voir disparaître. Elle s’acharnait donc avec véhémence depuis plusieurs jours à formuler la trajectoire du prochain enjeu de la famille Camillo, absorbée dans son travail jusqu’en soirée. Les autres l’accompagnaient parfois, puis avaient fini par se relayer à tour de rôle, vaquant à leurs occupations, utilisant cet alibi sans qu’elle n’en sache traître mot afin d’éclaircir le cas Dimmano. Cette ardeur dont elle avait toujours fait preuve en appelait de la curiosité de Jack qui vouait tout le mérite à une ancienne vie qui avait forcé l’enfant à travailler plus dur que les autres : et il n’avait pas tort. Sa compassion poussait l’agent spécial à revenir parfois superviser les constats de ses recherches, les mains toujours comblées de nourriture, prétexte délicat pour être en sa compagnie une fois de plus et la faire sortir du bureau de façon sécuritaire et à une heure raisonnable.

« Au sens figuré, l’aigle pourrait être interprété comme un avion ou tout autre type de cargo et jeudi pourrait être effectivement une journée choisie sur le calendrier. Mais au sens littéraire, cela pourrait simplement dire que le chef, le prédateur ultime, n’envisage plus de faire son coup. Si je fie aux types de conversations qu’il tient, je crois qu’il use de poésie pour déplacer ses pions. » fit Sue en replaçant les feuilles d’une lourde pile devant elle.

« Il voulait donc que l’on sache cette information, selon toi ? »

L’inspecteur acquiesça. Non seulement Camillo voulait flouer l’équipe sur une éventuelle livraison mais elle était de plus en plus convaincue qu’il tenait à faire passer son message : que les autorités sachent qu’il n’en était pas responsable. « Ton raisonnement se tient, parlons-en à Demetrius demain. » fit Jack en tapotant le dos de sa partenaire. Sue releva systématiquement les épaules d’un élan soupçonneux, dégageant avec la même adresse le bouleversement que son contact puisse verser en elle.

vraiment génial
BRAVOOOO

C'est toujours aussi bien Doucelili.
Continue comme sa.

Cool, cool, cool ! À demain pour la suite ! J'ai hâte de lire vos réactions lors du punch... Je crois que je suis aussi fébrile que vous ! Ah là là que je n'en peux plus de copier que de petits paragraphes. Hihihihi !

Tara et Sue discutaient déjà depuis plusieurs minutes lorsque leur acolyte fit son entrée, se dirigeant d’un pas pressé vers son bureau sans égard pour les autres, pétillante d’énergie.

« Je viens de parler avec Faith, tu te souviens ? La secrétaire aux ressources humaines. »

« Oui, bien sûr. » fit-elle, se méfiant à l’avance de la persistante désinvolture de son amie.

« Et tu te souviens que nous avions discuté de prendre la vie du bon côté, de s’occuper de nous et nous amuser ? »

« Lucy, je t’en prie, cesse de tourner autour du pot. »

La secrétaire ravala sa salive puis expliqua d’un trait qu’une rave d’envergure nationale se préparait au Verizon et que la jeune secrétaire lui avait dégoté deux passes, à son expresse demande. Avant même qu’elle puisse rétorquer, sa copine expliqua que plusieurs DJ en marque seraient présents et qu’il s’agissait d’un événement rare et extrêmement couru. Sue grimaça et refusa gentiment avant de reprendre un document, mais fut stoppée dans son élan par une Lucy intarissable qui avait réussi à attirer l’attention de ses compagnons de travail sur leur conversation.

« Tu oublies un détail : je suis sourde. Qu’est-ce que tu veux que j’aille faire dans une rave ? »

« Sue, ce projet fait le tour des États-Unis et ils ne sont pas en restes côté sonorité, crois-moi. Faith me racontait que la musique est si… forte et vibrante qu’elle transpire par les pores de la peau. Tu pourras l’entendre à ta façon. »

« Oh, bien ! Alors je suis très heureuse de t’avoir appris le langage signé, puisque tu en auras assurément besoin dans les jours à venir. »

Bobby offrit un clin d’œil à l’adjointe, Myles un air ébahi à son superviseur, Tara et Jack faillirent s’étouffer de rire. Mais pourquoi fallait-il qu’elle ne comprenne pas son tourment ? Face à toutes ces paires d’yeux qui la regardaient fixement attendant une réponse de sa part, elle imposa ses conditions avant d’accepter à regret, ce à quoi Lucy jubila, sautillant sur place avant de lui promettre une soirée extraordinaire. « Elle exagère, sans l’ombre d’un doute. » murmura-t-elle dans l’oreille de son chien.

« Surtout soit prudente, il y aura beaucoup de revendeurs, sans compter la drogue du viol que l’on pourrait glisser dans ton verre. » scanda Myles, venant semer le doute auprès de Sue et la grogne de Lucy.

« Que dit ton indic ? » murmura Demetrius à employé

Bobby haussa les épaules, il n’avait pas répondu à l’appel une fois de plus. Inquiet pour la sécurité de leur compatriote, il n’avait obtenu qu’une seule autre information importante à propos du Procureur général : celui-ci possédait une somptueuse maison de retraite basée à Mazatlán, situé sur la côte ouest du Mexique et selon les mêmes sources, il y retournait sur des bases régulières en compagnie de sa femme et leurs trois enfants. Cette information fut confirmée dès le surlendemain par Tara qui suggéra l’investigation de la planque « idéale ». Demetrius rassembla ses idées et passa Gerald en cocus : il n’était pas encore temps d’agir.

wahhhh troppp puissant

Sue avait lissé sa frange et s’était maquillé subtilement. Elle superposa une tunique vert saillant qu’elle avait subtilisée dans une vitrine quelques heures plus tôt à une jupe paysanne ample et asymétrique : tenue sobre qui lui plaisait mais que l’on lui reprocherait sûrement, puisqu’elle ne conviendrait probablement pas à l’événement. Elle se mirait de tous les côtés, passant en revue toutes les coutures et tous les complexes auxquels elle était la seule à croire. Elle portait le même air triste que le jour de son bal de graduation ; sa mère avait tant insisté pour qu’elle y soit, peu importe le prix que cela lui en coûterait, célébrant ce soir là sans modestie aucune l’acharnement et la patience dont elle avait fait preuve envers sa fille durant toutes ces années afin qu’elle obtienne un premier diplôme. Car croyait-elle, celui-ci lui donnerait l’assurance de poursuivre et d’aspirer à une faste carrière. Pendue au bras de son frère comme on s’accroche à une bouée, elle fit son entrée dans la salle de réception qu’elle avait imaginée hautement plus chic, honteuse, regardant partout sauf devant elle. « Ces filles se moquent de ma tenue. » dit-elle en baissant les yeux. Rassurant et tenant particulièrement à la promesse faite à ses parents, Andrew prit sa main, mais ne put terminer sa phrase que Sue était déjà partie déverser sa peine à la salle de bain, jouant durant de longues minutes avec les nombreuses nuances que les lumières colorées faisaient refléter sur les paillettes ornant le bord de sa jupe. Sue se mordit la lèvre inférieure et se laissa choir sur son lit. Pourquoi ces souvenirs devaient incessamment la hanter, gâcher son plaisir ? Toute cette retenue devenue si naturelle aujourd’hui. Pourquoi n’avait-elle pas envie d’élargir les horizons de la sociabilité, elle qui avait tant de fois remué ces possibles rencontres. Elle avait tant à partager et pas seulement avec la communauté sourde du district de Washington. Sue retint un soupir. « Maman m’a apprit à aimer et à foncer en dépit de ce que les autres penseraient de moi. Et maintenant, même si certains m’apprécient et m’acceptent, je continue de craindre d’eux. » Paranoïaque. Sa profonde instabilité : le fardeau d’être Susan Thomas.

L’air se déplaça et elle entrouvrit les yeux. « Tu es prête ? » fit Lucy en observant fixement sa jupe. Sue fit un léger signe de tête et se racla la gorge, puis se juchant sur ses coudes, elle offrit un sourire qu’elle s’efforça de remettre le plus rassurant que possible. Elle ne savait comment interpréter la naïveté de sa colocataire : heureuse ou pas qu’elle n’ait su déchiffrer son trouble ? Non… Elle allait offrir à Lucy une soirée parfaite, coûte que coûte.

Elle en fit ainsi, endurant son calvaire jusqu'aux petites heures du matin. Lucy et Faith se défonçaient littéralement sur la piste de danse et revenaient vers elle dès qu'elles savaient son verre vide afin de lui payer une nouvelle boisson non-alcoolisée, que la pauvre femme sirotait en les remerciant bêtement, roulant le nouveau petit parasol de papier crêpe entre ses doigts. L'éternel vrombissement qu'elle pressentait était d'une absolue imperceptibilité : impossible pour elle de palper le tempo plus de dix secondes et cela dit, elle devait utiliser le comptoir ou son banc, puisque le plancher de béton ne rendait pas le son avec justesse. Et elle en avait marre de danser au rythme des autres. Peut-être finalement que l'énorme aréna avait eu raison du travail minutieux des techniciens et que l'écho transporté sur les parois non-isolées était mal contenu ? Elle voyait bien dans les visages éclairés des gens qui sortaient que quelque chose n'allait pas. Elle tenait de brèves conversations avec les gens autour, leur indiquant gentiment que de crier était inutile, ce qui en mit plusieurs mal à l'aise et éloigna les autres. Puis elle tourna le dos au serveur quelques instants, verre à la main, observant ses copines qui riaient aux éclats pendant qu'elle se morfondait. Elles lui cachaient peut-être quelque chose ? Peut-être devaient-elles avoir pris une substance quelconque pour être si énergique ; aussi proche pouvait-elle être de Lucy, jamais à ce jour son comportement collégien ne lui avait autant échappé. Elle se sentait bien loin de son amie depuis quelques jours, devait-elle lui en parler ? Ou était-ce simplement de la jalousie envers Faith, cette fraîcheur juvénile, cette jeunesse sortie de nulle part qui venait débaucher sa meilleure amie, l'incitant à de nombreux plaisirs auxquels elle s'était soustraite depuis quelques années pour une vie ou ne peut plus rangée. Les incessants bâillements de Sue réussirent finalement à convaincre les danseuses étoiles à quitter l'établissement et alors qu'elle traversa l'intersection, Lucy n'aperçut pas l'Audi grise stationnée de l'autre côté du boulevard.

Et bon week-end à mes zamies du web !

C'est tropppp fortttt

Levy réveilla sa maîtresse à neuf heures vingt, certaines choses pressantes ne pouvaient plus attendre plus longtemps. Sue laissa son chien vaquer à ses occupations canines en bout de laisse, puis s'offrit un petit déjeuner dans un café avoisinant. Elle n'en croyait pas ses yeux : la nature offrait généreusement pour une millionième fois ses plus beaux trésors à une population qui s’en ravissait, humant ses odeurs corsées, délaissées à l’automne puis enfouies sous les intempéries gelées. L’eau jailli par toutes les fentes, épanchant et nettoyant la ville, salissait les passants ; les plus opportunistes avaient déjà troqué manteaux et bottes pour des survêtements plus légers. À peine avait-il surmonté le point de congélation de quelques degrés que Galarneau se jouait de la population. Nous n'étions que le trois mars après tout ! Elle retourna au logement assouplie de tout le bien-être qui l'englobait, constata le sommeil profond de Lucy et lut un message sur le répondeur. Emballée, elle sauta dans la douche, laissa une note à sa colocataire puis caressa abondamment son chien pour l'abandonner à regret quelques heures de plus.



Sue battu en retraite, s'installant à l'écart au centre des estrades puis observait au loin Bobby qui ralliait ses troupes avant le début de la première période. Aussi concentré qu'il fut, le capitaine détourna le regard vers les gradins et envoya le bonjour à son amie qui lui rendit la pareille d'un sourire délicat puis encourageant par son intensité. Les partisans agglutinaient autour d'elle et elle pouvait sentir l'atmosphère s'échauffer au rythme de la musique et de la bière qui coulait à flots. Tara s'installa à ses côtés à son plus grand bonheur et cinq minutes après le début des rivalités, Jack et Myles en firent de même. Le quatuor devint bruyant à chaque remontée et l'équipe, non étrangère à tout le spectacle qu'elle offrait, contournait et bloquait leurs adversaires avec adresse puis marquaient parfois de spectaculaires paniers. La tension était toutefois vive entre les compétiteurs et les athlètes épuisés se relayaient souvent entre eux, changeant du coup la formation des trios et la dynamique de leur défense. « Tucker est un tocard ! » criant Myles, surprenant par la décadence de sa démesure. Confiant jusqu'à la dernière syllabe, il tenta de convaincre les gens autour de se rallier entre eux afin de supplanter les opposants par l'intimidation mais il s'attira plutôt les moqueries des autres qui le prirent en mascotte. Les dissidents s'impliquaient dans chaque décision de l'arbitre, applaudissant ou huant à chaque semonce. L'horloge sonna la fin du troisième quart en contre, ne laissant pas la chance aux Kangoos d'avoir le dernier mot en marquant deux points supplémentaires. Tara et Sue sortirent prendre l'air quelques minutes, discutant des préparatifs du mariage prévu en juin qui allaient bon train. Cachant mal sa hâte, pressée de retourner à l'intérieur assister à la finale, elle coupa net à la conversation avec toute la candeur nécessaire puis retourna aux côtés de Jack. Vingt-trois minutes plus tard, la foule était en liesse : Washington l'avait remporté avec une large avance de douze points. Comme tout le monde, les quatre copains sortirent faire la fête dans la cour d'école où ils attendraient leurs héros. Ceux-ci firent leur arrivée au bout d'une demi-heure et après avoir présenté leur trophée et les membres de son équipe, Bobby descendit de l'estrade rejoindre toute la bande qui le vit arriver de loin.

« Félicitations Bobby, bon match ! » scandaient-ils chacun à leur façon.

L'athlète favori se retourna vivement puis s'excusa piètrement : les gens hurlaient son nom et des cris de ralliement, brandissant son dossard tel un étendard. « Je suis désolé, je dois y aller. Le vedettariat, que voulez-vous... ! »

j'ai raté tout ça ..?? oO' ... woyyyyyyyy

en tout cas j'ai adoré rattraper mon retards !!!!

Merci... !

Et ça se corsera de plus en plus........ !! Rendez-vous demain, 8h00 à l'heure de Montréal.

BRAVOOOOO

Sue regardait l'homme s'éloigner puis s'en remit au même constat auprès des autres, prétextant à tort que Lucy l'attendait pour le souper. Mais arrivée au logement, tel qu'elle se l'était prédit, Lucy n'y était pas. Elle soupira en regardant la pauvre bête abandonnée qui lui rendit le même air dans la profondeur humaine de ses grandes billes noisette. Si Levy avait pu parler, il lui aurait dit que son incessant besoin de caresses n'était qu'une vaine tactique afin qu'elle ne parte pas ce matin-là, que son regard en direction du fin fond de la pièce était une indication claire du tourment qu'il entendait, que sa marraine avait mouillé son poil de ses grosses larmes tout l'après-midi. Sue réfléchit longuement plongée dans la pénombre et regardait les minutes avancer rapidement sur l'horloge. Son chien se dressa sur ses pattes de devant, mais Sue laissa quelques minutes à son amie. Elle se leva enfin et versa deux tisanes ; elle en offrit une à Lucy qui refusa gentiment. Assise sur la table à café, face à celle qui évitait son affligeant regard perspicace.

« Lucy, je suis inquiète pour toi. Est-ce que tu as des problèmes ? Est-ce que... tu te drogues ? Tous ces changements : les nattes, le régime, tes sorties nocturnes, cette... Faith aux étranges manières. Tu t'éloignes, tu n'es plus la même. »

La femme souri tristement, ne laissant aucune issue à la conversation, cloîtrée dans le monde qu'elle s'était forgé.

« Je t'en prie, parle-moi, je suis ton amie et je t'aime de tout mon cœur. Je t'aiderai quoi qu'il en soit. » fit-elle en déposant sa main dans la sienne, s'installant à ses côtés.

« Oh Sue, je suis désolée... » en appela Lucy qui s'effondra dans ses bras.

Son violent cri de désespoir fit grimper l'inquiétude de Sue d'un cran, strident par sa douleur, vif et térébrant par la vérité qu'il contenait. Elle déposa la lourde tête de Lucy sur son épaule et berça longuement son amie sans l'interroger davantage, réfléchissant à ce qu'elle devrait maintenant faire pour lui porter secours. Levy observait la scène et attendit patiemment son tour avant de s'approcher. Tremblotante, elle essuya une larme en inspirant bruyamment puis Sue lui offrit un mouchoir.

« Je m'en veux terriblement, je t'ai menti. » hoqueta-t-elle en monosyllabes

« Ne t'en fais pas, je trouverai de l'aide ; nous le ferons ensemble. »

« Tu n'y es pas Sue... Je suis enceinte. »

Son amie ouvrit la bouche puis recula, saisie de l'aveu aussi impétueux qu'incisif qu'elle apprenait. Lucy lui annonça que malgré ses missives, elle avait entretenu une liaison avec Myles, aventure subtile débutée en décembre qui se termina abruptement quelques semaines plus tard, puis son gynécologue duquel elle s'était sentie flouée lorsqu'il lui avait remis ses constats quant à sa fertilité, l'encourageant à stopper les anovulants qui ne réussissaient pas à stabiliser son cycle hormonal. « Je n'ai pas compris : les haïtiennes ont pour la plupart un problème à concevoir, alors je croyais ne pas avoir besoin de cette saloperie. Mais le mot le dit : un problème ; elles réussissent à la longue. Et moi... j'ai gagné le gros lot. » Oui, Si Levy avait pu parler, il aurait dit à sa maîtresse que Lucy s'éveillait avant elle pour masquer ses vomissements, qu'il avait flairé une odeur d'urine dans les poubelles. Mais la pauvre bête n'avait autre alternative que de se taire, impuissant qu'il fut tout le mois qui venait de passer. « Tu dois lui en parler, Lucy. C'est de vous deux dont il s'agit. En attendant, je te suggère de te rendre à la clinique et faire confirmer le diagnostic au moyen d'une prise de sang. » Apeurée des futures réactions qu'elle engendrerait, celle-ci dû se rendre à l'évidence qu'elle n'avait autre choix et se calma peu à peu : sa toute première ouverture et la tendresse de son amie qui l'aimerait envers et contre tous lui avait fait du bien et redonné confiance. Sue ramena un tas d'oreiller et une lourde couverture au salon, les amies s'assoupirent quelques heures côte à côte.

Un timide rayon de soleil chatouilla les paupières de Sue qui se leva d'un bond au contact du nez froid de Levy avant de retomber sur le canapé : il n'était que six heures trente. Elle caressa la joue de Lucy et se rendit à la salle de bain. « Quelle triste mine tu as. » soupira-t-elle en voyant son reflet dans la glace. Elle créma généreusement toutes ses facettes avant d'enduire son visage d'un fond de teint et d'une poudre matifiante, puis enfila une jupe et un veston colorés qui lui redonneraient assurément du teint et masqueraient son trouble ; un peu comme Lucy l'avait fait. Son amie l'attendit à la cuisine et lui offrit un sourire tendre.

« C'est la première fois en trois semaines que je ne m'éveille pas avec les nausées, ce devait être le stress de tout ce silence, j’imagine. Je viens tout juste d'appeler à la clinique : j'ai rendez-vous ce matin. »

« T'inquiète, l'agent Susan Thomas te couvre. » fit-elle en l'embrassant sur le front.